Herboristerie: ruée vers la santé «verte»

Thomas Leblanc
La Presse

La médecine par les plantes est vieille comme le monde. Et si la nature a sans conteste donné à la médecine certaines de ses meilleures armes – les antibiotiques, par exemple -, l’herboristerie reste une discipline controversée, voire carrément dénoncée par certains. N’empêche, elle gagne en popularité. Alors, les plantes nous guérissent-elles ou pas?

«Les remèdes de grand-mère sont vus de façon péjorative, soutient Caroline Gagnon, fondatrice de l’école d’herboristerie Flora Medicina. Depuis toujours, la médecine par les plantes a été pratiquée par tous les peuples. Mais depuis 70 ans, le Québec et l’Amérique du Nord vivent une amnésie collective des bienfaits thérapeutiques des végétaux.»

L’herboristerie est présentée par Flora Medicina comme l’art de préparer, mélanger et transformer des plantes médicinales sous forme d’infusions, de baumes, d’onguents et de teintures. La phytothérapie, elle, est le traitement de maladies par des soins de plantes médicinales, de vitamines et de suppléments.

Stress, ménopause, rhume, maladies chroniques: les enthousiastes de l’herboristerie et les professionnels de la phytothérapie croient dur comme fer que les plantes peuvent prévenir et même traiter plusieurs maladies ou conditions. Le ginseng, le schizandra et les champignons médicinaux font partie des plantes incontournables présentées dans les cours.

Mais comment les pharmaciens réagissent-ils à la popularité croissante de cette pratique? L’Ordre des pharmaciens du Québec est catégorique: ses membres doivent avant tout se référer à la littérature scientifique dans les publications indépendantes et aux recommandations de Santé Canada. Par exemple, dans le cas du millepertuis et de la valériane, il existe des études qui démontrent leurs bienfaits, mais c’est loin d’être le cas pour toutes les plantes employées en herboristerie.

Dans la page consacrée à la phytothérapie sur le portail PasseportSante.net, on rappelle que si peu d’études scientifiques sur les vertus des plantes sont offertes, c’est en partie parce que la promesse de profits à long terme associés à un médicament breveté comme dans l’industrie pharmaceutique ne s’applique pas aux plantes.

Pour ceux qui voudraient en savoir plus, l’école Flora Medicina, fondée en 1999, offre des formations et des ateliers (dont des cours en ligne sur les plantes médicinales), pour les débutants comme pour ceux qui veulent devenir phytothérapeutes.

De 2003 à 2006, Manon Lessard a suivi la formation professionnelle en phytothérapie. Diplômée en comptabilité, elle a su qu’elle voulait réorienter sa carrière vers l’herboristerie en participant à une activité avec de futurs professeurs formés à Flora Medicina.

«J’ai vécu une prise de conscience. J’étais fatiguée et je manquais de vitalité, raconte cette herboriste clinicienne qui enseigne aussi à l’école en plus d’animer des ateliers. C’est tout mon quotidien qui a changé. J’ai vécu un changement intérieur.»

Pour devenir une professionnelle de la phytothérapie, Manon Lessard a suivi une formation de 1200 heures. Aujourd’hui, le cours dure 1500 heures (réparties sur 4 ans). Les élèves rencontrent plusieurs scientifiques et professionnels de la santé pendant leur cheminement: botaniste, nutritionniste et sage-femme sont au nombre des spécialistes invités en classe.

Améliorations?

Observe-t-on toujours des améliorations dans la santé des personnes qui choisissent l’herboristerie? Manon Lessard croit que oui. «Si la personne est engagée dans le traitement, il va se passer quelque chose, dit-elle. Chaque individu choisit l’herboristerie pour des raisons différentes. Certains souhaitent travailler avec des plantes médicinales et naturelles. D’autres veulent éviter les effets secondaires des médicaments.»

Évidemment, l’herboristerie met aussi de l’avant de saines habitudes de vie, comme une alimentation équilibrée et un mode de vie actif. Difficile de savoir, donc, si cette vitalité retrouvée n’est pas due à des changements nutritionnels plutôt qu’aux plantes médicinales consommées, aux vitamines et aux suppléments recommandés.

Le débat reste donc ouvert, mais la prudence et une bonne dose de réalisme, comme toujours, sont à prescrire.

Calmer les douleurs, prévenir les infections, renforcer le système immunitaire: l’herboriste Anny Schneider vante partout et depuis des années les vertus de la médecine par les plantes. Afin de partager sa passion de cette médecine «populaire, accessible et bienfaisante», elle vient de publier Je me soigne avec les plantes sauvages, aux éditions de l’Homme. Un guide qui présente quantité de plantes qui poussent partout, décrit leurs propriétés médicinales et propose des remèdes à préparer chez soi. Anny Schneider signe aussi La nouvelle pharmacie verte, toujours aux éditions de l’Homme, qui publie dans la même collection Je me soigne avec les huiles essentielles, d’Astrid Schilling.

Je me soigne avec les plantes sauvages, Anny Schneider, éd. de l’Homme, 304 p., 29,95$

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